Vous avez toujours rêvé d’improviser en cuisine, tel un musicien virtuose ? Il n’est jamais trop tard pour s’y mettre et tout est une question d’état d’esprit, en fin de compte. J’ai écrit cet article pour tous ceux qui pensent que l’improvisation en cuisine leur est inaccessible. Je souhaite vous prouver le contraire, vous donner des raisons de croire que chacun, à son niveau, peut tenter l’expérience.
Et vous auriez tort de vous en priver, car improviser en cuisine fera passer votre passion au statut d’art. Vous pourrez alors vous exprimer pleinement, vous surprendre et vous amuser surtout. Soyez libres d’enfreindre les règles établies pour toucher du doigt les plaisirs de l’improvisation en cuisine !
1. Maîtriser les bases de la cuisine
Créer son répertoire de techniques culinaires
Jusque-là, pas de secret ! Tout comme un musicien doit connaître ses gammes avant de tenter l’impro, vous n’avez pas d’autre choix que de connaître vos classiques culinaires. En effet, l’improvisation en cuisine est accessible à tous, sans exception, mais à condition que vous vous en donniez les moyens.
Je vous rassure tout de suite, inutile de passer son CAP de cuisine pour commencer à improviser. Il suffit parfois d’une ou deux techniques bien maîtrisées pour créer des centaines de plats. À titre d’exemple, si vous avez bien compris la technique du déglaçage, vous pourrez donner une saveur exquise à tous types de sauces, sucrées ou salées.
Certains adorent apprendre, mais pour d’autres, je conçois que le côté scolaire de la chose puisse être rebutant… Dites-vous que c’est un passage obligé pour ressentir la vraie liberté en cuisine. Lorsque vous aurez bien intégré les bases, vous n’aurez plus qu’à laisser parler votre instinct. J’espère que cette perspective suffit à vous donner de la motivation pour vous plonger dans la technique.
Toujours se demander pourquoi, plutôt que comment
Un bon réflexe à avoir pour avancer à pas de géant vers l’improvisation en cuisine, c’est de se demander pourquoi on réalise tel ou tel geste en cuisine. C’est super de se lancer dans des recettes compliquées avec des étapes à suivre pas à pas et un résultat à la clé… Je suis la première à vous le recommander pour tenter de nouvelles expériences. Mais une fois le livre rangé, qu’aurez-vous vraiment retenu de cette recette ? Serez-vous capable de la refaire de tête ? Aurez-vous réellement progressé en cuisine ?
Ce qui est important, pour assimiler de nouvelles informations, c’est de comprendre pourquoi on fait les choses. Savoir comment réaliser un soufflé fait référence au paragraphe précédent : connaître les techniques de bases. Mais comprendre pourquoi on beurre le moule verticalement, pourquoi il faut incorporer des blancs en neige, pourquoi les soufflés gonflent mieux après un choc thermique… Ça, c’est une vraie clé pour assimiler ce qui fait la différence, comprendre ses erreurs et s’améliorer la fois suivante !
Parce que cette façon de penser me semble déterminante, je ne loupe jamais une occasion de vous donner des explications qui apportent du sens à ce que vous faites en cuisine. La rubrique « Formation Culinaire » de ce blog regorge d’explications simples et de précisions scientifiques qui vous aident à comprendre plutôt qu’à apprendre ! C’est ça le secret d’une progression sur le long terme !
Savoir s’organiser et anticiper
Dernier point important pour en terminer avec la maîtrise de bases de la cuisine : l’organisation ! Eh oui, pour être à l’aise en cuisine, il est important de travailler dans une cuisine bien organisée, avec le bon matériel et un plan d’action en tête. Ce n’est pas parce qu’on parle d’oublier les recettes qu’il faut s’éparpiller !
Créer un nouveau plat demande une petite phase de réflexion pour visualiser l’objectif final et les étapes pour y parvenir. Prenez du temps, avant de vous lancer, pour définir quelles sont les actions à réaliser en premier, en fonction du temps nécessaire à leur réalisation. Par exemple, si vous prévoyez un gratin et une salade au dîner, il est évident qu’il faut commencer par le gratin, puis s’occuper de la salade pendant que celui-ci cuit. Mais la réflexion est parfois plus subtile, alors prenez quelques instant pour y réfléchir…
Enfin, dans le même ordre d’idée, essayez d’anticiper ce qui va se passer dans vos casseroles. Cette capacité d’anticipation vient beaucoup de l’expérience de chacun, des erreurs ou des réussites que vous avez expérimentées dans votre parcours culinaire. Par exemple, si vous avez déjà brûlé des oignons, vous aurez tendance à baisser le feu la prochaine fois ! Notez bien les conséquences de vos décisions en cuisine, qu’elles soient bonnes ou mauvaises. C’est en faisant qu’on apprend !
2. Être curieux
Aiguiser son sens de l’observation
Observer votre environnement est une excellente source d’inspiration. Plus vous accumulerez d’informations, plus votre » catalogue d’idées sera fourni « . Vous pourrez alors piocher, au moment voulu, les inspirations qui font écho à votre nouveau projet culinaire.
N’attendez pas que l’information vienne à vous, provoquez votre exposition aux contenus culinaires de toutes sortes. Abonnez-vous à des magazines de cuisine, suivez un blog ou une page Facebook, feuilletez les livres dans les rayons, lisez les cartes des restaurants, regardez les émissions culinaires, discutez avec vos producteurs au marché, prenez des cours de cuisine, demandez à votre grand-mère de partager ses astuces…
Les sources d’information sont partout autour de vous, alors ne vous en privez pas, il est temps de bâtir votre culture culinaire personnelle !
Tenter de nouvelles expériences culinaires
Une caractéristique des gens créatifs, c’est qu’ils ne sont pas routiniers. N’ayez pas peur de vous lancer dans l’inconnu pour vivre de nouvelles expériences. Testez une nouvelle recette, mangez dans le noir, inscrivez-vous à un concours culinaire, voir même participez à un escape game culinaire (l’imagination n’a pas de limite) !
En sortant de votre zone de confort, vous provoquerez forcément des discussions avec vos proches ou des réflexions personnelles qui vous feront avancer. Sans même vous en rendre compte, ce vécu inscrit en vous ressortira, un jour ou l’autre, sous la forme d’une idée inspirante.
S’ouvrir à d’autres domaines
Bien… Vous avez maintenant toutes les pistes pour construire votre culture culinaire ! Mais si vous souhaitez aller plus loin, n’hésitez pas à vous inspirer des autres domaines de votre vie pour trouver de nouvelles idées. Afin de transposer vos observations du quotidien en cuisine, fonctionnez par association d’idées.
Par exemple, à votre réunion de travail du jour, vous avez fait un tour de table pour que chacun donne son avis sur le dernier projet en date. Pourquoi ne pas faire pareil à la maison, en demandant à toute la famille d’imaginer le plat de demain ? Autre exemple : admettons que vous pratiquez le tennis. En observant les cordes de votre raquette, cela pourrait vous donner l’idée de créer un maillage en caramel à déposer sur votre dessert pour une touche déco originale.
Plus vous pratiquerez ce genre de gymnastique mentale, plus vous parviendrez facilement à adapter en cuisine ce que vous observez au quotidien. Essayez de vous prêter au jeu consciemment de temps en temps afin de passer un cap, puis laissez-vous griser par la créativité qui émane de vous avec le temps !
3. Bien se connaître
Identifier ses atouts et ses faiblesses
Pour improviser en cuisine (et réussir ses essais !), certains pensent qu’il faut un niveau technique irréprochable et une imagination débordante. Foutaise ! Je nie en bloc ces fausses croyances qui pourraient vous paralyser sans raison. Il suffit de poser sur vous un regard objectif. Essayez d’identifier vos forces pour les exploiter au maximum et d’être conscients de vos limites pour ne pas vous mettre dans l’embarras.
Connaître vos limites ne doit pas vous faire ressentir de la culpabilité. C’est un moyen de différencier les domaines dans lesquels vous êtes à l’aise, des zones plus obscures où vous avez encore à apprendre. Ainsi, lorsque vous tentez de nouvelles choses, assurez-vous de ne pas vous placer à 100 % en dehors de votre zone de confort. Allez-y progressivement pour un apprentissage en douceur !
Si vous ne possédez pas beaucoup de connaissances en cuisine, ne vous interdisez pas pour autant d’improviser, mais jouez en terrain connu ! Il y a forcément quelques domaines dans lesquels vous vous défendez bien. Vous savez réaliser une vinaigrette maison ? Ajoutez des épices ou des herbes fraîches pour lui donner une personnalité. Vous vous limitez à décongeler des légumes pour le dîner ? Pourquoi ne pas tenter un mélange issu de votre imagination ? Improviser n’est pas synonyme de gastronomie de haut vol, c’est juste l’expression de votre personnalité.
Définir votre personnalité culinaire
En parlant de personnalité, voici clairement un sujet à creuser quand on parle d’improvisation en cuisine ! Cuisiner pour quelqu’un ou pour soi-même est un acte d’amour, c’est un don de soi à celui qui reçoit. Dans nos casseroles, il y a bien plus que des ingrédients. Il y a des souvenirs de famille, l’envie de faire plaisir, des calories pour survivre, nos convictions sur la santé, le reflet de notre culture, des détails pour faire joli, une excuse pour se réunir à table !
Impossible de cuisiner sans émotion, même si ces dernières sont souvent inconscientes. Manger est trop instinctif et trop communautaire pour se faire de façon mécanique. Même les animaux ont des codes autour du partage de la nourriture.
Ainsi, il est important de prendre conscience de ce que vous avez choisi d’y mettre dans cette fameuse casserole ! En creusant un peu, vous comprendrez pourquoi vous avez décidé de ne pas suivre la recette aujourd’hui ! Est-ce que vous avez décidé de cuisiner sans crème car le petit dernier est allergique ? Est-ce que vous avez ajouté de la cannelle car c’est un parfum qui a marqué votre enfance ? Est-ce que vous avez mis les petits plats dans les grands pour impressionner la belle-famille ?
Autant de questions qui définissent vos contraintes, votre style, vos inspirations et qui dessinent les contours de votre personnalité culinaire. Vous êtes unique et vos plats méritent d’être uniques, eux aussi. Improviser en cuisine, c’est dire qui l’on est. Et ce n’est certainement pas la recette écrite par un autre qui apportera de l’authenticité à votre table ! Croyez en vous, vous êtes formidable ! Il ne reste plus qu’à le dire dans vos plats !
4. Oser, oser, oser.
Ne pas redouter l’échec
Comment ne pas citer Nelson Mandela à ce sujet ? Il disait : « Je ne perds jamais. Soit je gagne, soit j’apprends.« . Voici l’attitude positive qui a fait de lui un grand homme et qui fera de vous un grand cuistot ! Si vous testez de nouvelles choses, il y aura forcément des couacs ! J’en ai fait et je continue à en faire. Et c’est tant mieux, car ce sont des indices pour ne pas tomber dans le panneau à la prochaine tentative.
Parfois, se jeter dans l’inconnu peut tourner au fiasco, mais la plupart du temps, c’est pour faire de belles découvertes ! Lancez-vous sans attente particulière, visez l’objectif que vous vous êtes fixé, mais acceptez de dévier de votre trajectoire, de vous adapter aux événements et de saisir toutes les opportunités que vous trouverez en chemin. De toute façon, vous ne pourrez pas tout prévoir à l’avance, vivez l’instant présent devant vos fourneaux.
Refuser l’auto-jugement et les comparaisons
Parfois, l’auto-sabotage aura raison de votre enthousiasme. Cessez de penser que vos idées sont banales, que c’est du déjà fait, que vous n’êtes pas créatif… Toutes ces pensées ne sont que des parasites et je vais vous dire pourquoi : vous êtes la personne la plus mal placée pour juger de vos propres idées.
En effet, ces idées vous sont apparues de façon spontanée et naturelle. Elles ne vous ont parfois coûté aucun effort et c’est pour cela que vous ne les considérez pas à leur juste valeur. En revanche pour une personne extérieure, qui n’a pas les mêmes références que vous, ni la même façon de penser, vos idées tiendront peut-être du génie ! Alors, cessez de porter un jugement sur vous-même, il n’est pas objectif !
Idem pour les comparaisons de vos performances avec des cuisiniers chevronnés. Cela n’a aucun sens de vous dévaloriser en parcourant le feed d’Instagram ou en regardant des émissions culinaires. Vous n’êtes pas un professionnel de la cuisine, il faut que cela reste un loisir et non une source de frustration et pression inutile. Tracez votre propre route, sans tenir compte de ce qui pourrait vous faire douter.
Se connecter à son enfant intérieur
Si vous peinez à suivre les conseils ci-dessus, essayez de vous reconnecter à vos instincts d’enfant. C’est une véritable source d’inspiration de les observer. Ils vivent pleinement dans l’instant, suivent leurs pulsions, ne se soucient pas du regard de l’autre ou de l’échec. Ils se surpassent, échouent parfois et recommencent sans perdre aucune motivation ni confiance en eux.
Une certaine naïveté les accompagne également. Ils n’ont pas d’idée préconçue qui se dresse comme des barrières à leurs projets. Ils se posent des questions, parfois déroutantes pour les adultes que nous sommes, sur tout ce qui les entourent. C’est ainsi qu’animé par leur curiosité et leur passage à l’action sans intellectualisation excessive, ils progressent et créent constamment. Laissez votre cerveau d’adulte de côté de temps en temps pour faire de la place à votre instinct.
5. Se connecter aux autres
S’inspirer des idées des autres
On vous a toujours dit que c’est moche de voler ? Pas si vous y ajoutez votre touche personnelle ! Il n’existe aucune invention créée de toute pièce. Même les plus grands inventeurs de tous les temps s’inspirent de l’existant pour créer. Ainsi Léonard de Vinci n’a pas inventé l’aile, mais il a cherché comment faire voler l’homme en observant les oiseaux.
Vous aussi, placez-vous en observateur, regardez ce que font les autres, reconnaissez les bonnes idées qu’ils ont eues et n’ayez pas peur de vous en inspirer si cela crée une émotion en vous. Puisque vous êtes unique, soyez sûr que vous ne reproduirez pas l’idée d’un autre à l’identique. Inévitablement, vous laisserez une trace de vous.
Une fois cette appréhension du plagiat dépassée, vous vous sentirez plus libre de vous approprier l’existant pour le personnaliser. Par exemple, vous pouvez reprendre une recette de risotto existante, puis changer un légume, le liquide de mouillage et pourquoi pas la céréale tant qu’on y est ! Et là, je peux vous assurer que votre recette n’aura rien à voir avec celle qui vous a inspiré !
Accueillir les critiques constructives
Lorsque vous cuisinez pour vos proches, n’hésitez pas à leur poser des questions. » Est-ce que c’est assez salé ? « , » Est-ce que vous aimez la cuisson du poisson ? « , » Avez-vous remarqué que je n’ai pas utilisé le même fromage que d’habitude ? « . Autant de questions qui ont pour but de provoquer des commentaires sur votre plat.
Vos proches sont un excellent moyen d’obtenir un retour constructif pour vous aider à remarquer de petits détails que vous auriez pu laisser passer. Si vous n’engagez pas la conversation, ils ne se sentiront peut-être pas légitimes pour vous faire des commentaires. Alors, provoquez le dialogue et ne vous offusquez pas des remarques.
Si la sphère privée vous provoque trop de stress, vous pouvez également dialoguer sur des forums ou de groupes Facebook spécialisés. Ils sont souvent peuplés de vrais passionnés bienveillants qui pourront répondre à vos questions à défaut de goûter vos plats.
D’où qu’ils viennent, ces retours sont précieux pour ajuster vos recettes et continuer à improviser en connaissance de cause.
S’entourer des meilleurs
Enfin, un conseil que je ne répéterai jamais assez : si vous avez l’opportunité de côtoyer des pointures de la cuisine, n’hésitez pas un seul instant ! Vous apprendrez à vitesse grand V à leurs côtés. Ils se sont posés les mêmes questions et ont sûrement fait les mêmes erreurs que vous à leur début. C’est ainsi qu’ils ont accumulé de l’expérience et sauront vous conseiller.
L’effet de groupe est également un bon levier d’apprentissage. Si vous avez déjà participé à un cours de cuisine, vous avez sûrement observé que votre voisin ne s’y prend pas toujours comme vous ? Ainsi, en réalisant une seule et même recette en groupe, vous apprenez deux fois plus en observant les tops et les flops de vos camarades.
À la lecture de cet article, j’espère que vous avez compris que pour improviser, il est indispensable de laisser derrière vous vos barrières mentales. Trop de freins, construits par notre esprit, nous on fait perdre le goût de l’aventure que nous aimions tant enfant. Et puis après tout, est-ce que rater un plat est vraiment un drame ? Relativisons un peu, il y a pire dans la vie ! Alors lâchez-prise, apprenez de vos erreurs, qui seront inévitables, et préparez-vous à faire de belles découvertes en laissant parler votre spontanéité.
J’en profite pour vous glisser un lien vers un super article de Lady Coquillette qui va vous donner plein d’idées pour associer les saveurs de façon harmonieuse.
Maintenant, je suis curieuse de savoir par où vous allez commencer votre chemin vers une plus grande liberté d’improvisation en cuisine… Allez-vous vous plonger dans la technique ? Ou bien préférez-vous vous lancer et apprendre en faisant ? J’attends de vos nouvelles ! Et souvenez-vous, libérez-vous de vos doutes !
Innovation culinaire aujourd’hui:
Poser sur chaque moitié d’un fenouil cuit à la vapeur auparavant du jambon blanc puis une tranche de fromage à raclette.
Faire griller au four.
C’est un régal.
Super invention Chan ! Voilà une raclette revisitée avec brio ! Et en version plus light que la raclette traditionnelle !!